Cadre de vie, Santé

Vivre en quartier populaire quand on est âgé : ils témoignent

Ils ont 76 et 73 ans, l’un vit à Avignon, l’autre à Sevran. Gérard Reboul et Mohamed Belkhiri portent un même regard lucide sur ce que signifie vieillir dans leur quartier.

Vu dans en villes, le mag de l'anru

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 Notre reportage à Avignon et à Sevran

Vieillir dans les quartiers : ils témoignent

« J’habite le quartier de la Rocade Sud d’Avignon depuis une cinquantaine d’années. J’y ai travaillé, milité, et j’y ai tout mon réseau d’amis. Je suis encore aujourd’hui profondément attaché à mon quartier malgré sa grande paupérisation, ses défauts structurels et ses problèmes d’insécurité. Conseiller citoyen depuis dix ans, c’est tout naturellement que j’ai participé au comité d’engagement du programme de rénovation du quartier. Je suis même allé à Paris porter la voix des habitants. Aujourd’hui, j’ai 76 ans, ce qui fait de moi un senior, même si cette étiquette ne veut pas dire grand-chose. Je suis sportif, très actif et plus que jamais investi dans mes engagements locaux. Mais peut-être que, l’âge aidant, je deviens plus attentif à la façon dont les personnes âgées vivent notre quartier. J’observe des points positifs : une offre de santé plutôt dense, un tramway arrivé il y a trois ans qui est un vrai plus pour toutes les générations, un nouvel espace public sur l’emplacement d’un bâtiment détruit et doté de bancs qui offrent une zone de détente et de rencontre agréable, des bâtiments rénovés plus confortables… Mais il reste encore beaucoup à faire : renforcer la sécurité, pacifier les abords de la Rocade, et surtout continuer à accompagner les aînés lors des relogements, pour éviter que ce changement de vie ne soit un arrachement. »

« J’ai 73 ans et je vis en France depuis une quarantaine d’années. En Algérie, j’étais couturier, spécialisé dans l’ameublement. Je me suis marié là-bas et j’ai fondé une famille. Mais c’est seul que je suis venu en France pour travailler en tant que couvreur, ne revenant chez moi que pendant les périodes hivernales. Finalement, nous avons divorcé, et depuis ma retraite, je suis ici, seul, sauf quand mes enfants viennent me voir. J’ai longtemps habité Paris, mais il y a deux ans je me suis installé à Sevran dans le quartier des Beaudottes. Et pour dire la vérité, les premiers temps étaient difficiles, j’ai souffert de l’isolement, les murs de mon appartement ne sont pas très bavards ! Heureusement, il y a quelques mois j’ai participé à un atelier cuisine organisé par une association et c’est à cette occasion que j’ai découvert Masaryk. Maintenant, je viens ici au moins une fois par semaine, pour le café du jeudi. J’y retrouve les amis que je m’y suis fait et que je considère maintenant comme ma famille. Nous discutons des heures, nous jouons aux dominos, je bats tout le monde aux dames… Ce sont vraiment des moments qui font du bien. J’aime aussi participer aux autres activités qui sont proposées à Masaryk, comme les séances cinéma ou les ateliers couture qui me rappellent ma jeunesse. J’apprécie tellement cet endroit que je rêverais y vivre… d’ailleurs, avec l’aide de l’équipe, je suis en train de préparer mon dossier pour pouvoir intégrer l’un des appartements situés au même étage ! »

Bien vieillir dans les quartiers : notre dossier spécial

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