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Cadre de vie, Concertation

Urbanisme transitoire & éphémère : quand le futur du quartier se conjugue au présent

Jardins temporaires, musées éphémères, tiers-lieux provisoires, nouveaux services ou aménagements expérimentaux… Les opérations d’urbanisme transitoire trouvent peu à peu leur place dans la boîte à outils du renouvellement urbain. Ce dossier veut livrer quelques clés et exemples d’un mode d’opération qui révèle tout son potentiel lorsqu’il s’articule étroitement avec le projet urbain et le projet de gestion des quartiers en renouvellement urbain.

Vu dans en villes, le mag de l'anru

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Tout projet de renouvellement urbain comporte, tout au long du délai imparti pour sa réalisation, des espaces vacants ou friches, ou des espaces qui le deviennent (à la suite d’une démolition par exemple). Longtemps perçus négativement, les terrains et bâtiments inoccupés sont aujourd’hui vus comme autant d’opportunités pour imaginer, construire et expérimenter de nouvelles manières de répondre aux besoins des habitants et des territoires, ou de préfigurer de nouveaux usages présents.

C’est tout l’enjeu des pratiques d’urbanisme transitoire qui connaissent en France un essor particulier depuis le début des années 2010, avec l’émergence de nombreux projets planifiés et encadrés. Les Grands Voisins (2015-2020) et Ground Control (2017-aujourd’hui) à Paris, le camping de Yes We Camp à Marseille (2013) ou la Cartonnerie de Saint-Étienne (2010-2015) en sont des exemples bien connus.

Bien mené, l’urbanisme transitoire peut avoir un impact décisif et contribuer à l’amélioration durable du devenir d’un quartier.

Dans les quartiers en renouvellement peut-être plus qu’ailleurs, le temps long des projets fait ressortir l’enjeu de réfléchir aux espaces vides ou privés momentanément de fonction, qu’ils résultent ou non de la transformation urbaine, indique Hélène Gros, chargée de mission méthodologie d’innovation et gestion urbaine à la direction de la stratégie et de l’accompagnement des acteurs de l’ANRU.Les lieux libérés peuvent être mobilisés pour de nombreux usages : sécuriser les réserves foncières, gérer l’attente en accompagnant le changement ou en favorisant l’appropriation de nouveaux usages, offrir de nouveaux services aux habitants, préfigurer des aménagements par des installations réversibles permettant de tester des scénarios, ou encore soutenir une dynamique de concertation avec les habitants et acteurs du quartier au service d’une amélioration de la gestion urbaine.

Vers une amélioration durable des quartiers

Bien mené, l’urbanisme transitoire peut avoir un impact décisif et contribuer à l’amélioration durable du devenir d’un quartier. Mais un projet d’occupation temporaire ne s’improvise pas ! Dans les quartiers prioritaires faisant l’objet d’un programme de renouvellement urbain, ces démarches doivent s’inscrire dans un projet d’ensemble dont les composantes et les calendriers semblent figés et dont les acteurs sont déjà fortement sollicités. Les porteurs de projets doivent en outre faire face à une complexité administrative qui peut paraître peu compatible avec la souplesse de programmes transitoires, dont les modèles économiques sont souvent fragiles dans des quartiers où les revenus sont faibles.

Dans ce contexte, certains facteurs sont particulièrement déterminants comme la durée de disponibilité du foncier, sa destination et fonction future, les usages existants, limitrophes et à venir, les sources de financements mobilisables et les modalités de gestion des espaces du quartier avant, pendant et après le projet.

  • L’urbanisme éphémère désigne des occupations qui se déploient sur un temps très court (de quelques jours à quelques mois), souvent mises en place sans vocation à influencer un futur projet d’aménagement.
  • Les opérations d’urbanisme tactique visent pour leur part à agir sur une petite échelle et souvent à petit budget pour transformer la ville de manière plus souple et plus réactive que les projets classiques. Elles ont souvent une composante participative déterminante.
  • Les projets d’urbanisme transitoire peuvent, pour leur part, avoir une durée de plusieurs années. Ils reposent principalement sur des aménagements et des services destinés à assurer une transition qualitative entre les usages passés, présents et futurs du site

Une boîte à outils pour exploiter le potentiel de l'UT

Alors, comment définir et développer, voire maximiser le potentiel de l’urbanisme transitoire dans le contexte spécifique du NPNRU ? Forte de plusieurs années d’expérience dans l’accompagnement de ce type de démarche, notamment via le dispositif ANRU+, l’ANRU a cherché à apporter des éléments de réponse à cette question en animant un groupe de travail réunissant porteurs de projets, bureaux d’études, bailleurs et autres agences d’urbanisme. Tout au long de 2019, ce collectif a élaboré un corpus d’une quarantaine de recommandations méthodologiques. Celui-ci est aujourd’hui disponible gratuitement sous la forme d’un carnet de l’innovation qui se présente comme une vaste boîte à outils pour la bonne mise en œuvre et le suivi de projets d’occupation temporaire. Ce travail de longue haleine nous a permis de définir plusieurs étapes clés pour la réussite de ce type d’initiative, poursuit Hélène Gros. Il faut d’abord s’assurer de disposer d’une bonne connaissance du programme de renouvellement urbain dans lequel le projet transitoire s’inscrira. Puis, il est essentiel de donner un objectif clair à cette occupation en veillant à ce que cette dernière soit adaptée aux caractéristiques du site et aux stratégies territoriales, en lien avec le projet urbain et le projet de gestion. À cette étape, il est parfois utile de faire appel aux habitants et aux acteurs relais que sont les bailleurs ou le conseil citoyen.

Vient ensuite la phase du montage opérationnel où se posent les questions de la gouvernance du projet, de ses acteurs ressources et celles, souvent épineuses, du montage juridique et du modèle économique. Les dernières étapes clés portent sur l’évaluation, le suivi du projet, sa bonne fin et son héritage.

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Urbanisme transitoire & éphèmere : notre dossier

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Un projet d'urbanisme transitoire peut (...) connaître différentes destinées en fonction de sont objectif initial et du succès qu'il a rencontré

Un projet d’urbanisme transitoire peut ainsi connaître différentes destinées en fonction de son objectif initial et du succès qu’il a rencontré : il peut s’arrêter purement et simplement, servir de source d’inspiration au projet de renouvellement urbain, être déplacé sur un autre site du quartier, être répliqué dans d’autres territoires et, enfin, perdre son caractère transitoire pour être pérennisé in situ. C’est ce qui s’est passé par exemple avec leParc Foresta à Marseille qui, après 6 ans de gestion par Yes We Camp, est désormais piloté par un collectif associatif avec l’ambition d’inscrire ce lieu de vie partagé de 16 hectares dans l’avenir de la ville.

En savoir plus : lire notre carnet de l'innovation

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