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© ANRU / Mathieu Delmestre

Quartiers Résilients

Le Nouveau Programme National de Renouvellement Urbain, laboratoire de la ville résiliente

Les quartiers prioritaires de la politique de la ville peuvent-ils devenir le fer de lance d’une urbanité plus durable, plus sobre, plus inclusive, en un mot plus résiliente ? C’est la conviction de l’ANRU, qui va déployer dès 2023 la démarche « Quartiers résilients » pour favoriser l’émergence d’un vivier d’innovation, d’ambitions et d’inspirations pour la ville de demain.

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Les quartiers prioritaires de la politique de la ville sont plus durement touchés par les crises climatique, sanitaire, économique. Au-delà d’une logique de « rattrapage » à laquelle on les associe généralement, peuvent-ils devenir le fer de lance d’une urbanité plus durable, plus sobre, plus inclusive, en un mot plus résiliente ? C’est la conviction de l’ANRU, qui va déployer dès 2023 la démarche « Quartiers résilients » pour favoriser l’émergence d’un vivier d’innovation, d’ambitions et d’inspirations pour la ville de demain.

La ville de demain sera résiliente ou bien elle ne durera pas. Il n’y aura pas d’ambition urbaine sans ambition environnementale. Face au changement climatique, nous avons des leviers, actionnons-les. C’est par ces mots que le ministre chargé de la Ville et du Logement, Olivier Klein, a annoncé le lancement de la démarche « Quartiers Résilients » le 12 septembre, lors des deux journées de l'évènement de l'ANRU « Construire ensemble les quartiers de demain ».

C’est dans ces quartiers que se construiront les meilleures solutions en matière d’énergie, de végétalisation, de récupération des eaux usées

Alors que le Nouveau Programme National de Renouvellement Urbain (NPNRU) est en phase de mise en œuvre opérationnelle, quel est l’enjeu de ce nouveau dispositif ? Amplifier les efforts pour mieux adapter les quartiers populaires aux grands bouleversements de notre époque. C’est dans ces quartiers que se construiront les meilleures solutions en matière d’énergie, de végétalisation, de récupération des eaux usées ou sur tout autre sujet qui restera à inventer pour répondre à ce que la planète nous envoie comme signaux du dérèglement climatique, précise Olivier Klein.

Mais pas seulement, car un quartier résilient, c’est aussi un quartier où l’on agit sur l’école, la santé, la sécurité, les transports, l’emploi ; où l’on soutient les associations, où on promeut la culture, où on lutte contre les discriminations, où on défend l’égalité entre les femmes et les hommes. Un quartier, en somme, qui montre que la République reconnaît tous ses enfants comme des citoyens à part entière, et pas entièrement à part.

Porté par l’ANRU, en lien étroit avec ses partenaires (Action Logement, USH, CDC, ANCT, ADEME, ANAH…), et le ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, la démarche « Quartier résilients » se compose de deux grands volets. Le premier est un dispositif transversal qui s’adressera aux 453 quartiers du NPNRU afin d’encourager leur montée en compétences sur toutes les facettes de la résilience. Ce volet prévoit un dispositif d’accompagnement et d’animation : webinaires thématiques, catalogue de ressources mobilisables, journée nationale annuelle…

Les préfets de département seront en outre chargés de passer en revue les projets de renouvellement urbain en cours sur leurs territoires au prisme de la résilience, sur la base d’une grille d’analyse. Le second axe de cette démarche vise à proposer un accompagnement renforcé à 50 quartiers pilotes, sélectionnés début 2023 au regard de leur niveau de vulnérabilité. Ils bénéficieront de missions d’appui territorialisées ainsi que de financements complémentaires apportés par l’ANRU – qui leur dédie une enveloppe de 100 millions d’euros dans le cadre du NPNRU – et par ses partenaires.

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Faire face aux crises

Les chiffres le disent : les habitants des quartiers ont subi plus violemment la crise sanitaire, ses impacts économiques et les épisodes caniculaires. La résilience doit être pensée de manière systémique pour des quartiers surexposés aux conséquences de crises environnementale, énergétique, économique, démographique, sociale… Cette logique de résilience, c’est la raison d’être de l’ANRU, indique Kim Chiusano, directrice adjointe de la Stratégie et de l’Accompagnement des acteurs de l’Agence. Par définition, notre action est fondée sur un double constat de concentration de la pauvreté et de dysfonctionnements urbains, des caractéristiques qui témoignent de fragilités installées. Fragilités qui motivent le renouvellement urbain, dans une approche globale qui doit permettre de répondre aux enjeux sociaux, environnementaux et économiques. Mais, aujourd’hui, nous devons aller plus loin, notre responsabilité collective est immense face aux crises qui s’amplifient, se multiplient et se cumulent.

Ainsi, les porteurs de projets de renouvellement urbain déploient d’ores et déjà des initiatives qui inscrivent les quartiers dans cette logique d’adaptation. C’est le cas par exemple du projet de La Duchère, à Lyon, qui prévoit la création de 15 000 m² de potagers, la construction d’une grande halle agriculturelle pour promouvoir une offre alimentaire de qualité et de proximité, sans oublier la réhabilitation totale d’une grande barre d’immeubles pour un meilleur confort de vie et une plus grande sécurité pour les habitants.

Résilience encore dans la métropole d’Orléans où la convention NPNRU comporte un projet d’auto-réhabilitation accompagnée favorisant l’autonomie et la montée en compétences des ménages, le renforcement des liens sociaux grâce à la dimension participative de la démarche et le réemploi de matériaux locaux récupérés.

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Fabrique de la ville résiliente : notre dossier spécial

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L’innovation au cœur du dispositif Quartiers Résilients

L’Agence soutient également des expérimentations et des innovations susceptibles de profiter à l’ensemble des quartiers prioritaires et plus largement d’inspirer tous ceux qui cherchent à penser autrement l’urbain de demain, ajoute Jean-Benoît Cariou, chargé de mission Innovation, Transition écologique et Quartiers résilients à l’ANRU.

Ainsi, le Club ANRU+ fédère les acteurs de l’innovation dans le renouvellement urbain : territoires pilotes soutenus par les Programmes d’investissements d’avenir, start-up et structures de l’économie sociale et solidaire, territoires du NPNRU volontaires… Au total, ce sont près de 70 territoires et près de 180 innovateurs qui sont mis en synergie autour de problématiques partagées pour lever les freins à l’innovation. De la mise en place de boucles d’économie circulaire à l’autoproduction d’énergies renouvelables en passant par des initiatives d’adaptation au vieillissement ou des stratégies de « quartier à santé positive », les expérimentations contribuent à structurer des pratiques de fabrique et de gestion de la ville plus vertueuses. « À travers le dispositif “Quartiers fertiles”, les territoires ont également bénéficié d’un levier de massification de l’agriculture urbaine qui offre des bénéfices environnementaux, sociaux et économiques qui sont autant de leviers de résilience pour 140 quartiers », ajoute Jean-Benoît Cariou.

"Quartiers Résilients" permettra de mieux conjuguer les efforts et coordonner les interventions dans des quartiers qui nécessitent une ambition renforcée

Avec la démarche « Quartiers Résilients » qui sera engagée dans les prochains mois, il s’agit d’accompagner la montée en qualité des opérations soutenues dans le cadre du NPNRU, d’aller plus loin avec des moyens nouveaux, d’accélérer la diffusion des pratiques les plus vertueuses déjà expérimentées, à travers un dispositif transversal pour tous les quartiers concernés et de mettre en place un accompagnement renforcé pour cinquante quartiers pilotes. “Quartiers Résilients” permettra d’engager une dynamique partenariale forte pour mieux conjuguer les efforts et coordonner les interventions dans des quartiers qui nécessitent une ambition renforcée, ajoute Kim Chiusano. Nous avons une corde de plus à notre arc pour faire des quartiers populaires les postes avancés du développement de villes résilientes à l’échelle de la France, conclut Jean-Benoît Cariou.

Mathieu Klein, maire de Nancy : "Une ville résiliente, c'est un ville de la mixité"

Une ville résiliente, c’est une ville de la mixité : mixité sociale, mixité architecturale, mixité d’usages. C’est cette vision qui nous guide depuis le début de l’opération du Plateau de Haye il y a une quinzaine d’années. Nos axes de travail prioritaires ont été la primauté donnée au végétal sur le minéral, les mobilités douces, la maîtrise des consommations d’énergie avec la mise en place d’une chaufferie collective bioénergie et la dynamisation de l’emploi, avec un intérêt accru aux commerces de proximité et l’installation d’un pôle de santé.

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