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Elisa Ferreira, commissaire européenne : "La régénération urbaine, une action primordiale"

Commissaire européenne chargée de la politique de cohésion et des réformes depuis 2019, Elisa Ferreira présente les enjeux de la politique européenne en matière de ville durable et dresse un bilan de la première phase de l’Agenda urbain pour l’UE.

Vu dans en villes, le mag de l'anru

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D’après vous, quel rôle peut jouer la rénovation urbaine dans la capacité des villes à transformer l’Europe ?

Nous avons au niveau européen une perspective à long terme qui guide nos actions et nos politiques pour soutenir une approche globale de la transition verte et numérique effective dans tous les territoires. Afin de transformer nos espaces, nos pratiques, nos infrastructures et de s’adapter aux besoins émergents des territoires, les acteurs des villes sont essentiels et doivent faire de la régénération urbaine une action primordiale dans leur stratégie de développement urbain durable. Cette régénération touche de nombreux domaines qu’il faut prendre en compte pour un avenir durable, notamment les objectifs en matière de climat et d’énergie, mais aussi de réalisation d’une économie circulaire, inclusive et résiliente, tout en préservant la nature et la biodiversité. Il est essentiel d’adopter et de maintenir les perspectives à long terme pour soutenir la transition écologique, et notamment les objectifs adoptés dans le cadre du Pacte vert européen, qui sont au coeur de l’ambition de l’UE pour les années à venir. Une question primordiale est l’inclusion sociale et l’impact social des changements entrepris. L’inclusion de tous doit être au coeur des préoccupations dans le cadre d’une approche intégrée de la rénovation des espaces et de leur utilisation.

Suite de l'interview ci-dessous...

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Comment la politique de cohésion européenne peut accompagner cette régénération urbaine ?

La politique de cohésion reste la principale politique d’investissement de l’UE et vise toutes les régions et villes de l’Union dans le but de soutenir le développement durable et l’amélioration de la qualité de vie des citoyens. Pour la programmation des fonds sur la période 2021-2027, nous avons introduit un nouvel objectif stratégique pour « Une Europe plus proche des citoyens » dans le cadre de la politique de cohésion. Il soutiendra des stratégies de développement intégré « sur mesure » dans les villes et les communautés locales, élaborées par les villes et les communautés locales elles-mêmes, afin de leur permettre de relever leurs différents défis et d’exploiter leur potentiel de développement. Nous soutenons dans ce cadre les villes et leurs capacités à effectuer ces transformations urbaines, avec au total un minimum de 8 % de chaque enveloppe nationale du Fonds européen de développement régional (FEDER) dédié au développement urbain durable.

L’inclusion de tous doit être au cœur des préoccupations

Dans cette optique, qu'en est-il du New Bauhaus Européen ?

Je vois aussi un grand potentiel pour la question de la rénovation urbaine et du rôle des villes dans le contexte de cette initiative qu'est le Nouveau Bauhaus Européen. Cette initiative et ce mouvement nous encouragent à repenser ensemble nos espaces de vie en utilisant de nouveaux matériaux, techniques et normes de qualité en matière d’innovation, de protection de l’environnement, en lien avec l’ambition de l’UE de créer des lieux durables, inclusifs et esthétiques en combinant une approche territorialisée, l’engagement des citoyens, la co-création, et la collaboration entre différentes disciplines. La Commission européenne développe plusieurs actions pour soutenir ce mouvement et permettre l’implication d’une multitude d’acteurs.

1985 - Doctorat en économie à l’université de Reading en Angleterre
1995 - Est nommée ministre de l’Environnement du Portugal
1999 - Est nommée ministre de la Planification
2004 - Est élue députée européenne
2019 - Est nommée commissaire européenne à la Cohésion et aux Réformes

L’Agenda urbain pour l’UE est une initiative lancée en 2015 par la Commission européenne, les États membres et les villes pour faire face aux enjeux du développement urbain, notamment en ce qui concerne la lutte contre la pauvreté, le logement, la mobilité ou encore la qualité de l’air… Quel bilan en dressez-vous aujourd’hui ?

Je considère clairement l’Agenda Urbain pour l’UE comme une pierre angulaire pour la mobilisation autour du développement urbain durable. L’Agenda urbain pour l’UE est un instrument capable de susciter la participation, la sensibilisation et le lancement de solutions et d’activités concrètes pour aider tous les acteurs à mieux mettre en œuvre le développement urbain durable à leurs niveaux respectifs de responsabilité. Nous avons récemment fait un état des lieux des premiers résultats de cette initiative et constaté l’étendue des diverses réalisations, les expériences et les enseignements tirés de l’Agenda Urbain et de ses quatorze partenariats thématiques. Certaines réalisations importantes ont eu lieu grâce à cette initiative et je voudrais en souligner trois en particulier: L’Agenda Urbain pour l’UE a créé une nouvelle dynamique à plusieurs niveaux institutionnels en matière de développement urbain, en accordant une attention particulière à la voix des villes au niveau de l’UE, y compris celles de moyenne et plus petite taille. Les partenariats thématiques ont offert aux parties prenantes, à tous les niveaux pertinents, une occasion unique d’engager un dialogue, de mieux comprendre leurs préoccupations respectives, de proposer des solutions, dans un cadre flexible et expérimental permettant l’émergence d’une approche ascendante dans la réflexion et la prise de décision. Un certain nombre d’actions développées (139 aujourd’hui au total) ont des effets tangibles, notamment sur des propositions législatives, lignes directrices ou recommandations de la Commission, sur la mise en place de nouveaux mouvements et la mobilisation des acteurs, ainsi que sur la promotion généralisée des bonnes pratiques.

Afin de transformer nos espaces, nos pratiques, nos infrastructures et de s’adapter aux besoins émergents des territoires, les acteurs des villes sont essentiels et doivent faire de la régénération urbaine une action primordiale.

Pouvez-vous citer quelques exemples de résultats nés de cette coopération ?

À partir de la collaboration établie dans le cadre du partenariat de l’Agenda urbain pour la transition numérique, le mouvement Living- in.EU a été lancé pour promouvoir un modèle européen de transformation numérique dans les villes et les communautés locales. Ce mouvement encourage les villes et les régions à recourir à des solutions numériques acceptables pour contribuer à combler la fracture numérique et à réduire les inégalités en vue d’une cohésion territoriale plus forte. La Commission européenne a par ailleurs lancé une initiative en faveur du logement abordable, qui s’inspire notamment des travaux du partenariat pour le logement visant à poursuivre la coopération sur ce thème. Il s’agit de créer un partenariat au niveau de l’UE entre les acteurs des secteurs de la construction, du logement social et de la culture notamment, avec pour objectif de rénover 100 districts de logements sociaux et abordables emblématiques.

Quelles sont les priorités de l’Agenda urbain pour l’UE pour les années qui viennent ?

L’Agenda urbain de l’UE restera au cœur des transformations urbaines, en tant qu’espace de dialogue et d’action. Il s’efforcera de donner de l’espace et de la visibilité aux besoins des villes dans l’UE et de renforcer la prise en compte de la dimension urbaine dans toutes les politiques. Quatre thèmes ont été mis en avant pour la nouvelle phase de cette initiative comme la transformation verte des villes, notamment via le prisme des infrastructures vertes et bleues et le tourisme durable, l’égalité dans les villes, et l’alimentation urbaine.

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