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PNRU, Bilan

Catherine Vautrin : "Dans ce bilan du programme, quatre points m’ont particulièrement marquée"

Présidente du conseil d'administration de l'ANRU, Catherine Vautrin explique quelles leçons tirer du Programme National de Rénovation Urbaine, suite à la publication de la première « brique » du travail d’évaluation de ce dernier.

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Lorsqu’on évoque le PNRU, avez-vous des souvenirs de réussites marquantes ?

Catherine Vautrin : Comme présidente du Grand Reims, je pense bien sûr en premier lieu au quartier d’Orgeval à Reims, dont le visage a bien changé depuis 2008 grâce au PNRU et dont la transformation se poursuit avec le NPNRU. Ce quartier des années 1960 a bénéficié de démolitions, constructions, rénovations aux normes BBC (bâtiment basse consommation) et demain d’une quarantaine de maisons en accession sociale à la propriété. Côté services, le quartier est désormais beaucoup mieux doté avec une maison de quartier, une crèche, un plateau sportif, une maison de santé, un bureau de poste. Autant de services indispensables à une meilleure vie de quartier.

Vous avez fait de l’évaluation du PNRU une des priorités de votre mandat. Pourquoi est-ce si important à vos yeux ? Comment cela se concrétise-t-il ?

Je suis très attachée à l’évaluation des politiques publiques, c’est la condition sine qua non de la confiance qui nous est accordée par nos partenaires, Action Logement, USH et Banque des territoires. C’est aussi par l’évaluation que l’ANRU peut s’améliorer en continu au service des habitants des quartiers populaires. C’est la raison pour laquelle ce bilan sera complété d’études, en cours de finalisation, pilotées par la DGCL et la DHUP, afin de mesurer l’impact du PNRU sur le profil socio-économique des habitants des quartiers, sur le marché immobilier, ou le devenir de la promotion immobilière et de l’attractivité des quartiers.

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Quels sont les points importants à retenir de ce bilan quantitatif ?

L’ampleur du PNRU confirme ce que Jean-Louis Borloo rappelle souvent : « L’ANRU, c’est le plus gros chantier de l’histoire de France, hors temps de guerre. » De 2003 à 2014, l’Agence a travaillé avec les élus locaux et les bailleurs sociaux pour que 546 quartiers de rénovation urbaine bénéficient du programme. Ce sont au total 408 500 logements qui ont été réhabilités, 175 000 qui ont été démolis, et 220 000 construits aux meilleures normes environnemen tales, dont 80 000 au titre de la diversification de l’offre pour ramener de la mixité dans ces quartiers. Ce sont aussi la résidentialisation de 385 400 logements, et la création ou l’amélioration de 297 équipements à finalité économique, de plus de 500 écoles, et de plus de 240 équipements sportifs.

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Quels peuvent être les enseignements à tirer pour améliorer les actions de l’ANRU ?

Quatre points m’ont particulièrement marquée dans ce bilan. D’abord, la nécessité de renforcer l’approche globale des projets afin d’agir non seulement sur le logement, mais aussi sur les équipements publics, les aménagements extérieurs et, plus largement, sur le cadre de vie des habitants. Quand on regarde de près le bilan PNRU, on voit également que les rénovations, notamment en début de programme, étaient trop « légères ». Le montant moyen des réhabilitations a été multiplié par 4 entre le début et la fin du PNRU. Dans le NPNRU, nous sommes sur des montants moyens de réhabilitations beaucoup plus élevés, avec la volonté de restructurer en profondeur les logements. Le passage de réhabilitations « légères » à des restructurations « lourdes » nous permet, et ça serait le troisième enseignement, de renforcer la dimension écologique des projets, notamment en travaillant sur la performance énergétique des bâtiments. Enfin, nous devons faire mieux dans l’association des habitants à la construction et à la mise en œuvre des projets. La loi de 2014 a déjà largement renforcé cette dimension mais nous devons certainement mieux outiller les collectivités et notamment les élus locaux, porteurs de projets et légitimes démocratiquement pour en organiser la coconstruction avec les habitants.

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